Construire et scénariser une formation hybride : impact des plateformes d’apprentissage

Par Cécile Tribot

Proposer des cours en ligne est devenu une activité essentielle pour la plupart des enseignants et formateurs ces derniers mois. Cependant, pour pouvoir proposer des cours digitalisés, il est nécessaire d’avoir différents éléments dont un site internet ou un espace de dépôt. Celui-ci va grandement influer sur le scénario pédagogique hybride, par les fonctionnalités qu’il offre et les contraintes qu’il implique.

Qu’est-ce qu’une plateforme d’apprentissage ?

Trois types d’outils et systèmes d’e-learning se rencontrent dans la pratique et regroupent l’ensemble des fonctionnalités nécessaires à la mise en place d’un cours en ligne : le LMS (Learning Management System), le LCMS (Learning Content Management System) et les outils-auteurs.

Il faut tout d’abord pouvoir gérer des inscriptions et des utilisateurs, en travail individuel ou de groupe, avec des formations privées, publiques, en auto-inscription… Ce système d’inscription sera basé sur l’apprenant, et va permettre de gérer des apprenants et leur parcours (traces numériques, évaluation du système par l’étudiant et base de données). C’est donc un LMS, un système de gestion des apprenants et de leurs parcours d’apprentissages qui va remplir ces fonctions. Des exemples de LMS peuvent être Agora Learning Infinity, Google Classroom ou Moodle pour les gratuits et Docebo, Adobe Captivate Prime, ou TalentLMS pour les systèmes payants, plus courants en entreprise. Il existe de nombreux classements pour ces deux catégories.

La possibilité de déposer du matériel de cours et de l’organiser est le second élément indispensable pour le e-learning. Il va être fondamental dans les choix du cours ou parcours. La scénarisation pédagogique du parcours de formation est essentielle pour anticiper les tâches des apprenants, celles de l’enseignant, les interactions et le support. La gestion des documents de lecture, des images ou vidéos, des parcours plus complexes, des exercices va être orienté sur le formateur et permettre de gérer et créer une partie de ces contenus. Ces outils appelés CMS il y a quelques années (Content Management System) correspondent aujourd’hui à des LCMS, car la majorité permet aussi la gestion des utilisateurs et la création de support de cours basiques. L’organisation offerte par le LCMS peut être linéaire, libre, en étoile, avec une partie de contenu qui peut s’adapter en fonction de l’action d’un utilisateur. Elle peut encore offrir la possibilité d’accepter des interactions de l’étudiant dans des exercices, des dépôts de travaux, du travail en groupe d’étudiants, et des interactivités variées avec ou sans certification. Ce système va être au cœur de la scénarisation pédagogique hybride et conditionner les choix didactiques. En lien avec les applications proposées plus haut, on retrouve Open CreaLearning, Talentsoft LCMS, Intrepidknowledge ou encore Moodle, qui offrent aussi ces possibilités.

Le dernier élément technique de création de e-learning, c’est la possibilité de créer du contenu dynamique et donc d’élaborer des modules, des parties de cours ou séquences de micro-learning qui vont constituer l’ensemble du parcours de formation. Cette partie peut se présenter sous la forme d’un simple PDF ou de séquence de formation avec traçabilité du parcours de l’étudiant, des éléments dynamiques et interactifs voire gamifiés. La plupart des parcours se présentent sous la forme de fichiers standardisés pour être lisibles par tous les LCMS. C’est le cas des packages au format SCORM, qui peuvent être réalisés avec des outils-auteur comme Adobe Captivate, Articulate Storyline 360 , Tactileo ou encore Topaze.

Ces trois éléments – LMS, CMS, outils auteurs, bien distincts il y a quelques années, se sont petit à petit regroupés par des systèmes plus complets qui intègrent l’ensemble de ces fonctionnalités sous la forme de suite logicielle (LCMS avec outil auteur) ou application en ligne (Saas). C’est le cas de OpenCréa Learning (gratuit) qui permet de scénariser, construire et diffuser son parcours avec le même outil. C’est aussi le cas de 360 learning (payant) ou encore de TalentSoft, Intrepidknowlegde, Adobe Captivate…

Comment choisir sa plateforme et ses outils ?

La réponse dépend de différents éléments :

Quel budget avez-vous à disposition ?
Quel espace de stockage avez-vous déjà à disposition ou prévu ?
Quelles fonctionnalités sont nécessaires ?
Prévoyez-vous un système de certification ?
Avez-vous un nombre d’utilisateurs restreint ou massif ?
Quelles sont les techniciens-professionnels à disposition : informaticien, concepteur e-learning, gestionnaire de cours, ingénieur pédagogique, concepteur multimédia…
Comment seront suivis les cours : en présentiel en salle informatique, sur smartphone, tablette, ordinateur à distance, en modalité hybride ?
Quel contenu vais-je utiliser ? Fichiers PDF ou texte, contenu réalisé avec es outils-auteurs (norme SCORM), contenu enrichi par exemple H5P ?
Est-ce qu’une suite logicielle est souhaitable, ou est-ce qu’un système en ligne (Saas) est plus judicieux ?
Quelles communications entre les apprenants et les formateurs seront favorisées, quelles interactions sont nécessaires et souhaitées ?

Ce schéma résume les fonctionnalités importantes d’une plateforme d’apprentissage et va déterminer une partie de la scénarisation pédagogique d’un module ou parcours en ligne.

A partir des objectifs, les fonctionnalités vont devenir des contraintes ou des facilitateurs des situations d’apprentissage et des compétences à acquérir.

Le choix de la plateforme d’apprentissage est donc fondamental pour la construction des activités d’apprentissage, leur organisation et la scénarisation des activités des apprenants et formateurs en ligne. D’autres articles et partage viendront compléter ce thème de la structuration et scénarisation des formations hybrides.

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